


Roxane Mbanga b. 1996
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The Market takes the shape of a street kiosk, inspired by the kind of stands selling DVDs, televisions, and boubous that are common in markets across West and Central Africa. Built around a central parasol, the kiosk sits within a larger reimagining of the street—composed of materials, images, and sounds collected by the artist during her travels and research.
The ground is covered in earth, scattered with objects carefully gathered by the artist: water sachets, synthetic braids, worn-out sandals known as sans-confiance. Overhead, taut electric wires hang with plastic bags caught in the wind. This urban environment, both familiar and intentionally recomposed, evokes a shared visual language of disorder seen across the Global South.
At the center of the installation, the kiosk houses the video series Naked Underneath, or How to Use Clothing as a Tool for Self-Affirmation, begun in Lagos in 2019 and continued in Dakar in 2020. In the videos, women are invited to wear a boubou—or kaba—directly over their bare skin. Once imposed by colonial rule to cover African women’s bodies, the boubou has since been reclaimed in domestic life as a symbol of comfort and rest. Here, it becomes a space of embodied reinterpretation—a way of inhabiting nudity from within. The women are filmed walking through public space, while their voices, heard in voice-over, reflect on what the experience brought up for them.
Two televisions play the films. Around the kiosk, the boubous worn in the videos are suspended, alongside DVD sleeves—some found in markets, others designed by the artist for the project. Each series of garments responds to the local context: abstract batik in Nigeria; bright fabrics, headwraps, and hand-drawn motifs in Senegal. A wall mural depicting two female faces faces a set of duplicated posters from the project, pasted directly onto the installation walls in reference to street advertising culture.
The installation is also shaped by a soundscape created with Phantom Wizard. Slowed-down recordings of the city—honking, voices, engines—create a suspended, dreamlike atmosphere that blends with the voices of the women heard in the videos.
The result is an immersive environment where the viewer enters a space that feels both personal and collective. The tension between invisible nudity and embodied presence runs through every layer of the installation. By symbolically sharing space with the women on screen—their steps, their words, their silence—the work invites reflection on how bodies navigate, disappear, and assert themselves in public space.
L’installation prend la forme d’un kiosque de rue, inspiré des stands de DVD, de télévisions et de boubous que l’on retrouve dans les marchés d’Afrique de l’Ouest et centrale. Ce kiosque, composé d’un parasol central, s’inscrit dans une reconstitution sensible de la rue, composée d’éléments matériels, visuels et sonores glanés lors de voyages de recherche.
Le sol, recouvert de terre, est jonché d’objets collectés : sachets d’eau, tresses de cheveux synthétiques, sandales usées appelées sans-confiance. En hauteur, des fils électriques tendus portent des sacs plastiques emportés par le vent. Ce paysage urbain, à la fois familier et recomposé, évoque une esthétique partagée du désordre, commune à de nombreux contextes du Sud global.
Au centre, le kiosque abrite la série vidéo Naked Underneath, ou Comment utiliser le vêtement pour s’affirmer, initiée à Lagos en 2019 et poursuivie à Dakar en 2020. L’artiste invite ici des femmes à porter un boubou, ou kaba, ample directement sur leur peau nue. Historiquement imposé par les colons pour couvrir les corps nus des femmes africaines, ce vêtement a par la suite été réapproprié dans les sphères domestiques comme habit de confort et de détente, associé à l’intimité du foyer. Ill devient ici un outil de réinterprétation corporelle, un espace de nudité vécue de l’intérieur. Les vidéos montrent ces femmes déambulant dans l’espace public, tandis que leurs témoignages, diffusés en voix off, racontent ce que cette expérience a suscité en elles.
Deux télévisions présentent ces films. Autour du kiosque, les boubous portés dans les vidéos sont suspendus, aux côtés de pochettes de DVD chinées ou créées pour le projet. Chaque série de boubous est pensée selon le contexte local : batik abstrait au Nigeria ; tissus colorés, coiffes et motifs dessinés au Sénégal. Une fresque murale représentant deux visages féminins dialogue avec une série d’affiches du projet, dupliquées et placardées sur une partie des murs, évoquant les pratiques d’affichage urbain et renforçant l’immersion dans l’espace de la rue.
En parallèle, une ambiance sonore réalisée en collaboration avec Phantom Wizard enveloppe l’installation. Composée de sons de rue ralentis – klaxons, voix, moteurs – elle crée une atmosphère suspendue, presque onirique, qui se superpose aux voix intimes des femmes dans les vidéos.
L’ensemble compose une expérience immersive, où le visiteur se retrouve plongé dans un espace à la fois intime et urbain. La tension entre nudité invisible et présence assumée traverse les images, les sons et les objets. En partageant symboliquement l’espace des femmes filmées – leurs pas, leurs récits, leurs silences – l’installation propose une réflexion sur la manière dont le corps se déplace, se dissimule et s’affirme dans l’espace public.